En 2014, le Japon et la Suisse célèbrent 150 ans de relations diplomatiques et commerciales. Dans le cadre des événements organisés pour cette occasion, les Cinémas du Grütli et la Cinémathèque suisse, en collaboration avec l’Association Suisse-Japon, présentent un panorama de films japonais qui voyagera à travers la Suisse, en faisant étape à Berne, Zurich, Bâle, Saint-Gall et Lugano.
Cette sélection exceptionnelle parcourt l’histoire du cinéma nippon, de 1937 à nos jours. Elle propose des chefs-d’œuvre du répertoire, signés des plus grands maîtres, Akira Kurosawa, Kenji Mizoguchi, Masaki Kobayashi, Yasujiro Ozu, et des cinéastes plus contemporains, comme Kiyoshi Kurosawa, Takeshi Kitano, Hirokazu Kore-eda. Réunissant perles rares et œuvres incontournables, ce programme ouvre une fenêtre sur une filmographie qui a marqué l’histoire du cinéma mondial. A ne pas manquer !
- Etudiants/AV 8.00
- Prix plein 10.00
Tôkyô monogatari / Voyage à Tokyo – 2 mai à 21:00 et 7 mai à 18:30
- Japon | 1953 | 2h16 | version: originale | sous-titres: FR/DE | Salle:Cinématographe
- Réalisateur(s): Yasujiro Ozu
- Acteur(s): Sô Yamamura, Chishu Ryu, Chieko Higashiyama
- Age légal: 12 ans (14 ans)
Deux vieux époux rendent visite pour la première fois à leurs enfants qui ont quitté la campagne pour Tokyo. Bien que gentiment reçus, ils comprennent vite que leur présence provoque plus de gêne que de joie…
« Il y a quelque chose de fascinant dans la rigueur et la pureté de cette mise en scène. Comment ne pas penser en voyant ce film aux grands calligraphes japonais ou à la mystérieuse poésie de l’art zen. Tout ici est suggestion, approche intérieure de la réalité. Le calme absolu, mais sous ce calme, les frémissements de la sensibilité. […] Admirable récit, dont les lentes sinuosités nous envoûtent. Sur l’usure des sentiments, sur la solitude de la vieillesse, sur l’attente de la mort, rarement furent filmées des images plus poignantes » (Jean de Baroncelli, Le Monde, 1978).
Chikamatzu monogatari / Les Amants crucifiés – 3 mai à 18:30 et 8 mai à 21:00
- Japon | 1954 | 1h42 | version: originale | sous-titres: FR | Salle:Cinématographe
- Réalisateur(s): Kenji Mizoguchi
- Acteur(s): Kazuo Hasegawa, Kyoko Kagawa, Yoko Minamida
- Age légal: 12 ans (16 ans)
Au XVIIe siècle, l’épouse d’un imprimeur devient la maîtresse d’un employé et s’enfuit avec lui. Une attitude qui, dans le Japon féodal, est passible de peine de mort…
Virulente critique sociale où Mizoguchi peint l’horreur d’un monde où règnent cupidité, corruption et conformisme. « C’est un des sommets de l’art du grand Mizoguchi : splendeur plastique, violence et pudeur dans l’expression des sentiments. Mais beauté et poésie masquent un monde cruel. Les héros, la femme en particulier, sont les victimes d’une société et d’un cadre moral d’une implacable rigueur. Ce qui peut sembler fatalité inexorable n’est que la description d’êtres qui se débattent dans un monde où leur amour n’a pas de place et ne peut s’accomplir que dans la mort » (Joël Magny, Dictionnaire des films, Larousse).
Seppuku / Harakiri – 4 mai à 18:30 et 6 mai à 15:00
- Japon | 1962 | 2h13 | version: originale | sous-titres: FR | Salle:Cinématographe
- Réalisateur(s): Masaki Kobayashi
- Acteur(s): Tatsuya Nakadai, Shima Iwashita, Akira Ishihama
- Age légal: 16 ans (16 ans)
En 1630, dans le fief du puissant clan Iyi, un samouraï demande à être reçu et sollicite l’honneur de pratiquer le suicide rituel (seppuku). Cependant, avant d’accomplir son acte, celui-ci souhaite faire le récit des malheurs qui l’ont conduit jusque-là…
« A la fois film de genre, fresque et reportage, Harakiri est un des nombreux succès de l’expérimentation cinématographique au Japon dans les années 1960. Kobayashi combine les éléments du film d’action (le héros, la ruse, le suspense, la violence) et ceux du reportage objectif sur les samouraïs (les dates et les faits, les circonstances liées au déclin du code Bushido et celles qui annoncent l’ouverture du Japon à l’Ouest). La fin fait un usage systématique du flash-back et du récit dans le récit » (Stephen Sarrazin, Dictionnaire des films, Larousse).
Seishun zankoku monogatari / Contes cruels de la jeunesse – 5 mai à 21:00 et 10 mai à 18:30
- Japon | 1960 | 1h36 | version: originale | sous-titres: FR/DE | Salle:Cinématographe
- Réalisateur(s): Nagisa Oshima
- Acteur(s): Yusuke Kawazu, Miyuki Kuwano, Yoshiko Kuga
- Age légal: 16 ans (16 ans)
Dans le Japon industrialisé des années 1960, Makoto Shinjo, une jeune fille peu farouche, met au point avec son ami, un petit délinquant, un système de chantage au viol auprès d’automobilistes. Mais leur scénario va rapidement mal tourner…
« Oshima a 28 ans, c’est son deuxième film, et il enrage contre les studios qui occultent la réalité du Japon. Cette hargne est perceptible à travers ses partis pris esthétiques. Ainsi bannit-il absolument la couleur verte (‘parce qu’elle apaise et affadit les sentiments’) ou évite de filmer le ciel. Résultat : un climat oppressant et des scènes surprenantes à l’esthétisme tranchant qui répond à la cruauté des situations. Oshima est déjà obsédé par la douleur, qui ne cessera de hanter son œuvre » (Philippe Piazzo, Télérama).
Kamigami no fukaki yokubô / Le Profond Désir des dieux – 9 mai à 15:00 et 17 mai à 15:00
- Japon | 1968 | 2h53 | version: originale | sous-titres: EN | Salle:Cinématographe
- Réalisateur(s): Shohei Imamura
- Acteur(s): Shinji Tanaka, Nobuko Otowa, Taiji Tonoyama
- Age légal: 16 ans (16 ans)
Sur l’île imaginaire de Kurage, au sud du Japon, une famille incestueuse vit en retrait du reste de la population. Un entrepreneur débarque dans l’intention d’installer une raffinerie de sucre…
Production ruineuse et échec commercial, Le Profond Désir des dieux est presque autant le film d’une fascination envers L’Ile nue de Kaneto Shindo (1960) que l’œuvre d’un anthropologue minutieux sur une île de l’archipel d’Okinawa. Pièce de théâtre à l’origine, le film en conserve certains aspects dont le jeu parfois insistant des acteurs, le décor et le maquillage parfois grossiers, ainsi que la présence d’un conteur sur lequel sont braquées de vives lumières colorées. Un curieux rapport de force qui mélange l’expérience scientifique à la représentation théâtrale, le didactique au scénique.
Aruitemo aruitemo / Still Walking – 11 mai à 18:30 et 15 mai à 18:30
- Japon | 2008 | 1h55 | version: originale | sous-titres: FR/DE | Salle:Cinématographe
- Réalisateur(s): Hirokazu Kore-eda
- Acteur(s): Hiroshi Abe, Yoshio Harada, Yui Natsukawa
- Age légal: 7 ans (14 ans)
Un dimanche d’été, une famille se réunit pour commémorer la mort d’un fils, disparu 15 ans plus tôt en sauvant un garçon de la noyade. Les retrouvailles ressemblent à une tentative désespérée de partager un moment joyeux dans un lieu qui n’évoque que la perte…
Hirokazu Kore-eda installe à petites touches un climat d’incompréhension contenue et de cruauté souriante. « Il filme aussi bien un échange de mots musclés entre le père et le fils qu’une visite silencieuse de la salle d’eau, où un carrelage mal entretenu et une barre de soutien marquent le vieillissement muet des aînés […]. Tout cela est d’une grande virtuosité, à la fois délicat et fort. Et parmi un casting globalement excellent, on distinguera You, la maman ‘indigne’ de Nobody Knows, pour son tempérament, son humour et son incroyable timbre de voix passé au papier de verre » (Serge Kaganski, Les Inrockuptibles, 2009).
Sonatine – 12 mai à 21:00 et 16 mai à 15:00
- Japon | 1993 | 1h34 | version: originale | sous-titres: FR | Salle:Cinématographe
- Réalisateur(s): Takeshi Kitano
- Acteur(s): Takeshi Kitano, Aya Kokumai, Tetsu Watanabe
- Age légal: 16 ans (16 ans)
Un gangster de Tokyo, assisté d’un groupe de jeunes blancs-becs, est envoyé à Okinawa pour mettre un terme à une guerre entre deux bandes de yakuzas rivales. Après de glaciaux affrontements, il cherche à se faire oublier quelque temps et se réfugie avec ses acolytes dans une maison en bord de mer où chacun prend plaisir à se délasser, danser et jouer…
« Kitano attrape ses gangsters avec des pincettes, les retire de leur bocal urbain pour les envoyer à la campagne, leur enlève le flingue pour leur coller des chemises à fleurs et des marguerites derrière l’oreille, les sort de leur état de guerre pour les faire revenir à l’état de nature. D’Homo machinus qu’il était auparavant, le yakusa redevient Homo sapiens : sensible, réceptif et, surtout, vulnérable » (Samuel Blumenfeld, Les Inrockuptibles, 1995).
Kairo / Kaïro – 16 mai à 21:00
- Japon | 2001 | 1h58 | version: originale | sous-titres: FR | Salle:Cinématographe
- Réalisateur(s): Kiyoshi Kurosawa
- Acteur(s): Haruhiko Kato, Kumiko Aso, Kurume Arisaka
- Age légal: 16 ans (16 ans)
Taguchi, un jeune informaticien, est retrouvé pendu dans son appartement. Sous le choc, ses collègues cherchent à en savoir plus et découvrent chez lui une disquette contenant un mystérieux message incitant au suicide…
Faisant preuve avec Kaïro d’une narration plus cohérente et moins énigmatique que dans ses films précédents, Kyoshi Kurosawa livre un récit fantastique dans lequel il déploie un véritable talent pour mettre en scène les apparitions fantomatiques. « Kaïro fait peur, bien sûr, mais la lenteur du rythme et la répétition entêtante de quelques scènes clés produisent autre chose que du frisson. Ectoplasmes évanescents, mélange d’effets spéciaux numériques et d’accessoires de série B, poussées de mélancolie : c’est aussi un film poétique, d’une élégance crépusculaire » (Louis Guichard, Télérama).